De l'indépendance de la Presse

« Quelle folie que de porter un toast à la presse indépendante ! Chacun, ici présent ce soir, sait que la presse indépendante n’existe pas. Vous le savez et je le sais : il n’y a personne parmi vous qui oserait publier ses vraies opinions, et, s’il le faisait, vous savez d’avance qu’elles ne seraient jamais imprimées. Je suis payé 250 dollars par semaine pour garder mes vraies opinions en dehors du journal pour lequel je travaille. D’autres, parmi nous, reçoivent la même somme pour un travail semblable. Si j’autorisais la publication d’une opinion sincère dans un numéro quelconque de mon journal, je perdrais mon emploi en moins de 24 heures, comme Othello. L’homme suffisamment fou pour publier une opinion sincère se retrouverait aussitôt sur une route à la recherche d’un nouvel emploi. La fonction d’un journaliste (de New York) est de détruire la Vérité, de mentir radicalement, de pervertir, d’avilir, de ramper devant Mammon et de se vendre lui-même, de vendre son pays et les siens pour son pain quotidien ou, mais c’est la même chose, pour son salaire. Cela, vous le savez et moi aussi : quelle folie alors que de porter un toast à la presse indépendante ! Nous sommes les ustensiles et les valets d’hommes riches qui commandent derrière les coulisses. Nous sommes leurs marionnettes ; ils tirent les ficelles et nous dansons. Notre temps, nos talents, nos possibilités et nos vies sont la propriété de ces hommes. Nous sommes des prostituées intellectuelles.” »John Swinton, rédacteur en chef du New York Times, dans son discours d’adieu de départ en retraite de 1914

Une concentration des médias inédite dans l'histoire 


Tous les grands groupes de presse, 90% des médias sont détenus par 9 oligarques milliardaires qui se partagent le gâteau de l'information, soit une concentration médiatique proprement inédite et scandaleuse dans l'histoire. Ils viennent du BTP, de l’armement, du luxe ou de la téléphonie, avec parmi eux : Bernard Arnault, Serge Dassault, François Pinault, Patrick Drahi, Vincent Bolloré, Xavier Niel, feu Pierre Bergé, Matthieu Pigasse...


Ces oligarques, de connivence, entretiennent tous des liens très étroits entre eux, mais aussi avec le pouvoir, ils partagent les mêmes intérêts et la même vision du monde. Ce sont eux qui s'arrogent le droit de définir le vrai, le beau, le moral, le digne et le juste..

Bien loin de jouer leur rôle de contre-pouvoir, les médias, dans leur écrasante majorité l'accompagnent servilement, ils justifient tous ses abus, légitiment sa politique, même la plus inique. Le couple politique et médias entretien des relations de nature presque incestueuses qui s'incarnent à merveille dans les célèbres couples DSK et Anne Sinclair ou encore Christine Ockrent et Bernard Kouchner ou Léa Salamé et Raphaël Glucksmann… Tout le monde se connaît et se côtoie dans ce microcosme du landerneau médiatico/politique. Ils évoluent tous dans les mêmes sphères de la société... tous les grands médias se concentrent sur la capitale, de manière centralisée.

Des médias soit disant plus critiques et indépendants sont aussi financés par des oligarques comme Brut par Xavier Niel ou Loopsider par Bernard Mourad de la Bank of America, l'observatoir du conspirationnisme par Rothschild. Or comme le disait Napoléon Bonaparte, « La main qui donne est au dessus de la main qui reçoit. » Cette même poignée d'oligarques à aussi fait main basse sur les instituts de sondage qu'ils peuvent manipuler à leur guise pour influencer l'opinion.

L'indépendance des journaux et des médias peut largement être remise en cause, alors même qu'ils nous sont constamment présentés comme les sentinelles de la démocratie, les gardiens de nos libertés fondamentales. De fait, à quelques exceptions près, on ne peut que constater à longueur de temps, leur profonde soumission vis-à-vis du pouvoir en place. On peut par exemple, évoquer le cas surréaliste de la conférence de presse donnée par le président Emmanuel Macron, juste avant les européennes, où l'Élysée à clairement censuré l'ensemble de la presse régionale présente dans l'assemblée, en lui imposant des directives de communication bien précises ! Les journalistes présents avaient pour obligation de donner une version unilatérale de l'événement, sous le contrôle et la surveillance directe du gouvernement. Seuls deux titres sur l'ensemble la presse régionale, ce qui au passage ne fait vraiment pas grand chose, ont protesté et ont choisi, très honorablement, de ne pas participer à cette mascarade, de ne pas servir la soupe au président, en refusant ces inacceptables et odieuses conditions, dignes des plus belles heures de la propagande du régime soviétique. Il s'agit de La Voix du Nord et Le Télégramme. Le rédacteur en chef de la voix du Nord précise dans un communiqué les raisons de cette décision : « Une interview d'une heure trente, encadrée de façon inédite puisque les participants devaient s'engager à coécrire sur place une version unique des réponses présidentielles, puis à la soumettre à la relecture de l'Élysée avant toute publication du texte validé. »

Quant à la presse écrite moribonde, elle est en profonde crise et largement déficitaire. Elle rencontre une défiance de plus en plus grande de la part du public. Elle est sous perfusion financière et ne survit qu'à coup de subventions étatiques massives et les investissements de gros milliardaire, de capitaines d'industrie. Si ces derniers, qui recherchent en permanence la maximisation de leurs profits consacrent autant d'argent pour porter à bout de bras tous ces médias et supports informatifs, c'est bien  la preuve qu'il ne s'agit en réalité que d'une pure propagande qui sert à merveille leurs intérêts et leur rend de précieux services… Ces milliardaires font de même avec les instituts de sondage qu'ils achètent pour s'en assurer le contrôle. Comme le disait Bourdieu le sociologue, « les riches ont acheté la presse pour informer les pauvres. » En tout état de cause, ceux qui détiennent les grands médias possèdent entre leur mains l'immense pouvoir d'influencer les masses et de contrôler l'opinion. La démocratie moderne implique une nouvelle forme de gouvernement, invisible : la propagande.

Les chiens de garde du pouvoir oligarchique 


« Se confronter au terrain pollue l’esprit de l’éditorialiste...L’éditorialiste est un tuteur sur lequel le peuple, comme du lierre rampant, peut s’élever.. » Christophe BARBIER, éditorialiste de l’Express(On sent bien là les qualités d'un redoutable journaliste d'investigation de terrain !)
 

« Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment. » Malcolm X

Loins de représenter un contre pouvoir, tous ces éditorialistes et journalistes de connivence qui monopolisent le temps d'antenne, jouent le rôle de courroie de transmission entre la volonté des élites et le peuple. À longueur de plateaux, on retrouve inlassablement les mêmes insupportables pseudos-experts, les mêmes indécrottables journalistes stars, les mêmes éditorialistes, toute une armée de petits chroniqueurs zélés, qui ont leurs ronds de serviette depuis des 10aines d'années, sur tous les plateaux de TV pour décortiquer, décrypter l'actualité, pour nous livrer leurs "fines" analyses, leurs éclairages et orienter la pensée du spectateur. Ce sont les agents de propagande et d'influence de Big Brother, les chiens de garde du système établi, les perpétuels robinets à eau chaude, d'une médiocrité et d'une conformité absolue. Ils sont les éternels gardiens du temple de la consommation, de la pensée unique et pourchassent toute pensée jugée d'office comme déviante. Ils nous délivrent leur bonne parole, nous dictent notre façon de penser, discriminent le vrai du faux, toujours, cela va s’en dire, avec la plus grande intégrité et en toute indépendance… Malheureusement pour nous, les biens-pensants sont souvent aussi ceux qui pensent le plus mal !

Ils agissent même souvent telle une meute enragée, avec une agressivité stupéfiante, quand il s'agit d'enfoncer un invité mal-pensant, dans ce qui s'apparente alors à un véritable tribunal d'inquisition médiatique. Jetant allégrement leur devoir de neutralité aux oubliettes, ces pseudos journalistes s'arrogent le droit de nous dire qui aimer, qui vénérer, qui détester, qui croire, qui écouter, qui suivre, qui redouter, quoi penser et quoi ne pas penser de tel ou tel sujet, définir le cadre de notre pensée. Ils sont les éternels gardiens de l'ordre social. La presse agit comme un bloc monolithique, un rouleau compresseur quasi unanime sur tous les grands sujets. Il n'y a aucune réelle indépendance, aucun véritable contre-pouvoir, aucune voix dissonante. Avec la multiplication des chaînes d'informations continues, telles que BFMTV ou Cnews, les informations se bousculent dans un flot ininterrompu, tout azimut, sans hiérarchie. Plus aucun recul ou analyse critique n'est possible dans ces conditions. Une information en chasse l'autre, sans même que l'on est eu le temps de l'assimiler et de la digérer. La sur-information tue l'information et se solde par la confusion… La propagande et les mensonges, répétés en boucles, peuvent alors passer comme une lettre à la poste, de manière insidieuse, sans plus même êtres détectés, si le spectateur n'est pas sur ses gardes, dans une attitude de vigilance. Ces désinformateurs professionnels n'ont aucuns scrupules à habiller le réel à leur façon, à le revisiter sous le prisme de leur grille de lecture, ils recomposent les informations, détournent l'attention là où ils le veulent bien. L'information émane presque exclusivement d'une source unique et centralisée, l'AFP (Agence France Presse) dont les dépêches sont systématiquement reprises et relayées sans analyses par l'immense majorité plupart des médias.

Commentaires

  1. "Ils nous délivrent leur bonne parole, nous dictent notre façon de penser, discriminent le vrai du faux, toujours, cela va s’en dire, avec la plus grande intégrité et en toute indépendance…"
    Il est bien là le problème...à force de vouloir convaincre les convaincus on ignore la masse qui reste rivée à son petit écran ! Barbier a encore de beaux jours devant lui pour vomir ses insanités.

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