Omniprésence du télécran, la voix de Big Brother

« Aujourd'hui par rapport à nos ancêtres, nous avons gagné 3h37 d'espérance de vie par jour, ce qui est colossal, et ce chiffre-là, 3h37 correspond exactement au temps passé par les gens moyennement devant la télévision. C'est-à-dire, l'espérance de vie qu'ils ont gagné, ils la perdent à devenir con... C'est quand même extraordinaire, extraordinaire ! » Michel Serres, philosophe et académicien
« Les gouvernements ne veulent pas d’une population avec un esprit critique. Ils veulent des travailleurs obéissants. Du monde, juste assez intelligent pour faire fonctionner les machines et juste assez stupide pour accepter passivement leur situation. » Georges Carlin, humoriste et acteur américain


Une place prépondérante dans la société

Comme dans 1984 et ses télécrans (combinaison des mots télévision et écran), dans notre société du spectacle, écrans et postes de télévision ont pris une place tout à fait centrale dans la vie de tous les jours. L'arrivée de la télévision à été un événement majeur, une véritable révolution culturelle qui a bouleversé nos sociétés en profondeur. Ainsi, presque tous les aspects de notre vie ont été transformés, sans même que l'on y prenne garde. Notre rapport aux autres et au monde, notre notion du respect de la vie privée, nos moeurs, nos systèmes de valeurs, nos goûts, nos envies, notre mode de consommation, nos préoccupations, nos sujets de conversation, notre rapport à notre corps et l'importance donnée à l'apparence et au physique, etc. Comme le soulignait l'éducateur Neil Postman, auteur du livre "Se distraire à en mourir !", nous sommes passés de l'Âge de l'imprimerie à celui de la télévision et il s'agit bien là « du fait culturel le plus significatif de la seconde moitié du 20e siècle, chez les Américains. »  

Les écrans ont envahi tous les espaces, ils sont littéralement partout, ils diffusent et déversent inlassablement leur flot ininterrompu d'images et de messages : dans nos foyers, dans la rue sur les murs comme support publicitaire, dans nos poches sur nos smartphones, dans les bureaux, dans les écoles avec les tablettes numériques, etc. Presque tous les foyers sont équipés de leur poste. Paradoxalement, même les foyers les plus modestes sont équipés d'un poste de télévision, alors même qu'ils peinent à assurer leurs besoins les plus primaires et à vivre décemment… Il suffit d'observer les façades des HLM, pour constater la présence d'une envahissante forêt de paraboles qui viennent considérablement enlaidir ses dernières.

En règle générale, les foyers les plus modestes et les moins cultivés, sont aussi les plus dépendants de la TV, sans doute parce qu'elle donne le sentiment parfaitement illusoire de pouvoir s'évader et s'ouvrir au monde, lorsque l'on est cloisonné et confiné dans un espace de vie très limité et exiguë. Pourtant, la petite lucarne est très loin d'offrir une grande fenêtre sur le monde. Si elle semble offrir un nombre infini de connaissances et d'informations, force est de constater que nous sommes clairement plus dans ce que certains penseurs ont appelé le règne de la quantité, que dans celui de la qualité...

La télévision a profondément bouleversé nos habitudes de vie, nous sommes devenus plus sédentaires, nous lisons moins, nous dormons moins, nous échangeons moins...

Bien souvent, toute la vie de famille s'organise et se rythme autour de la petite lucarne. Elle devient de plus en plus envahissante et occupe une place centrale au sein du foyer, trônant fièrement au beau milieu du salon, de la pièce à vivre. De plus en plus grande, elle s'étend sur des murs entiers comme une sorte de fenêtre numérique. Le soir, elle tourne en arrière-fond des conversations, pendant les repas de famille, rapportant le bruissement diffus et ininterrompu du monde. Elle rend les échanges et les véritables interactions humaines de plus en plus rares, pauvres et brèves. Chaque membre de la famille a souvent le droit à sa propre télévision, sa tablette ou son smartphone et parfois même les 3 cumulés, et ce, depuis le plus jeune âge !

On peut littéralement parler de génération élevée et biberonnée par la TV, comme le titre de la très médiocre émission d'Arthur, "Les enfants de la TV". 

Les enfants passent plus de temps avec cet écran, qu'avec leurs propres parents, ou avec leurs professeurs ! La télévision accapare et vampirise notre temps disponible. Il faut tout de même savoir, qu'un Américain passe environ vingt-cinq ans de sa vie devant son poste de télévision, ou devant son ordinateur. Les Français, quant à eux, consomment aussi énormément de télécran chaque jour, en moyenne près de 4 heures… 

Ironiquement, nous nous battons presque tous pour posséder cet outil d'asservissement, qui nous dépossède des choses les plus essentielles de la vie, jusqu'à l'éducation de nos enfants et qui nous plonge par procuration dans une vie artificielle.

L'outil de contrôle des masses par excellence


Si la TV a colonisé nos salons et nos foyers, elle a aussi assurément pris possession de notre esprit collectif. C'est l'outil de contrôle des masses par excellence. Elle possède le même caractère d'instantanéité qu'Internet pour répandre en temps réel ses informations aux quatre coins de la planète.  Elle a un rôle d'unification de la pensée incroyable. Elle participe grandement à la mondialisation, elle suscite un ensemble de comportements uniformes sur l'ensemble de la planète.

Paradoxalement, alors que la télévision ne cesse d'exalter des valeurs individualistes, elle entraîne dans les faits, des comportements stéréotypés et une uniformisation toujours plus grande des individus. Avec toutes ses chaînes, elle produit à la chaîne des êtres formatés !

C'est le premier véhicule de la transmission des idées, de la communication de masse, bien loin devant la presse écrite, la radio ou les livres. Avec le développement fulgurant de ce média, nous sommes entrés de plain-pied dans l'ère de la civilisation de l'image.

L'image de par son immédiateté, de par son flux ininterrompu, n'est pas propice au développement de la réflexion. La télévision impose son rythme frénétique, qui empêche la conscience de prendre du recul, de prendre le temps nécessaire à la bonne assimilation des informations, à l'analyse et à la réflexion.

Contrairement à la lecture d'un livre où l'on reste maître du timing, où l'on peut se ménager des pauses, répéter une phrase ou un paragraphe pour s'en imprégner... Par contre, la TV est idéale pour pénétrer les esprits avec toutes sortes de messages et de propagandes, qui viennent imprégner les inconscients et finir par influencer directement sur les comportements. 

La télévision désarme donc ses téléspectateurs, qui sont totalement passifs et réduits à l'état d'éponges. En outre, le spectateur est littéralement noyé par l'abondance d'informations, par un déluge incessant de stimuli tant visuels qu'auditifs, qui assaillent son cerveau. Ce dernier n'est alors plus en mesure de traiter et d'assimiler tout cela.

La TV coupe le spectateur du silence et du calme et parasite ainsi toute possibilité de réflexion profonde ou toute forme d'introspection. Submergé d'informations des plus disparates, le cerveau, en étant littéralement bombardé d'images, finit par court-circuiter, plus capable de construire une réflexion ou un raisonnement poussé, d'établir une synthèse. Le raisonnement et l'intelligence étant justement l’établissement de liens logiques, de relations, de chaînes de causalité entre différentes informations pouvant être disparates afin de les synthétiser. La télévision façonne nos vies, nos envies et nos besoins, elle forge notre vision du monde, elle occupe nos esprits avec des informations insignifiantes, des polémiques stériles, elle nivelle sans cesse le niveau culturel vers le bas, elle joue avec nos peurs et les entretiens savamment. Elle sert de caisse de résonance pour transmettre et imposer les messages et l'idéologie du système dominant. 

C'est un outil de communication vertical, sans la moindre interaction. L'information est pré-mâchée, vient du dessus et s'impose aux téléspectateurs qui la subissent passivement, sans avoir aucune influence sur la ligne éditoriale ou le contenu des programmes. En comparaison, Internet permet une recherche et un accès à l'information bien plus dynamique, proactif et horizontal. Malgré cela, les gens accordent toujours une énorme importance à ce qu'ils entendent passer à la TV, le fameux "Vu à la TV" joue le rôle de label qualité, donne du crédit et de la valeur à n'importe quelle information !

Un outil pour refaçonner notre propre réalité

Les écrans ont remplacé peu à peu la réalité quotidienne, lui substituant un monde imaginaire et fictif, une réalité construite. Le virtuel remplace ainsi progressivement le réel, il ne cesse de gagner du terrain. Au final, nous passons plus de temps devant la TV qu'à appréhender le réel, et nous sommes donc entretenus, maintenus dans une sorte de réalité alternative préfabriquée qui se superpose à notre regard. La télé se pose donc en intermédiaire, en filtre entre soi et le réel qu'elle se permet, bien trop souvent de réécrire, selon la volonté et les intérêts bien compris des puissants de ce monde ! 

Paradoxalement, alors que tout y est artificiel, monté, cadré, coupé, recomposé, la réalité dévoilée par la télévision, totalement préfabriquée, s'impose avec plus de force dans l'esprit des téléspectateurs que la réalité empirique. La télévision, outil d'aliénation par excellence, dépossède littéralement ses téléspectateurs de leur propre réalité, comme si elle absorbait la substance et l'essence même de la vie !

Pour se convaincre de cette dichotomie,   de ce décalage abyssal entre la réalité et le Storytelling télévisuel, il suffit de constater le traitement médiatique qui fut réservé au mouvement social de très grande ampleur des Gilets Jaunes... À longueur de semaines, il fut résumé, en un rassemblement de plus en plus anecdotique, n'étant plus composé que de quelques individus marginaux, violents, agressifs et désorganisés.

À en croire la parole autorisée des quelques éditorialistes, experts autoproclamés et éternels habitués des plateaux TV, ils étaient toujours de moins en moins nombreux sur le terrain. Pourtant, en réalité, le simple fait que, semaines après semaines, d'impressionnant dispositifs policiers aient été systématiquement déployés, vient contredire de manière éclatante et magistrale ces grossières manipulations éhontées. De fait, on ne pouvait que constater que le mouvement était très bien enraciné, avec des revendications peu nombreuses et parfaitement claires, comme celle principale du RIC, à savoir, le Référendum d'Initiative Citoyenne.

Si l'on avait écouté les pronostics de ces serviles  médias, le mouvement n'aurait jamais dû s'étendre au-delà de la 3e semaine. Alors même qu'il se prolonge maintenant depuis des mois. Depuis le début du mouvement, les chiffres rapportés par les "journalistes" étaient tellement minorés et dérisoires, entrants en tel décalage avec la réalité, qu’ils en devenaient parfaitement grotesques et risibles. Ils n’avaient vraiment plus rien à voir avec ceux qui remontaient de l'expérience du terrain ou ceux, bien plus fiables du ministère de l'intérieur que l'on pouvait consulter directement sur le site des syndicats de police...

Une banalisation de la violence

La télévision s'est imposée par son irrésistible pouvoir de séduction, sa grande accessibilité et le faible degré d'exigence qu'elle demande pour être suivie. Elle fait appel aux penchants innés en l'homme : la curiosité, le goût du sensationnel, du spectaculaire, de l'émotionnel... Elle flatte en permanence les instincts les plus vils, elle nourrit l'attrait pour la violence, le voyeurisme ou la sexualité. Les programmes de cette TV poubelle regorgent de sexe, de vulgarité et de  bêtise crasse.

Elle déverse aussi, sans aucun filtre, des contenus, souvent ultra-violents et parfaitement gratuits, entraînant un phénomène d'accoutumance, de désensibilisation, de relativisme moral et de tolérance croissante. Ils peuvent déboucher à terme, sur des comportements, ou des actions violentes. Par la répétition des images, notre rapport à la violence est perverti et notre tolérance vis-à-vis d'elle considérablement renforcée.

En 1993, la revue Télérama comptabilisait, pour une seule semaine de programmes, toutes chaînes confondues : 943 bagarres, 966 fusillades et explosions, 104 scènes de guerre, 22 scènes de viols ! C'est ainsi qu'en moyenne, les enfants se retrouvent à avoir visionné plus de 100.000 actes de violence, avant même d'avoir quitté l'école élémentaire ! Une telle accoutumance ne peut fatalement que dévaloriser totalement la vie humaine...

Ce lien entre la violence de la société et celle des contenus, parfois ultra-violents proposés par la télévision est souvent négligé par les tenants de l'industrie du divertissement, voir tout simplement nié en bloc, alors même qu'il existe pourtant de très nombreuses études scientifiques qui tendent à prouver l'exacte contraire.

Le mode de fonctionnement pour les apprentissages chez les enfants est d'ailleurs basé sur l'observation et la reproduction mimétique. Ils enregistrent tout sans filtre, ni recul. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer le spectacle désolant d'enfants en train de reproduire fidèlement des gestes parfaitement obscènes, avec lesquels ils ont étés familiarisés, en visionnant des clip vidéos musicaux diffusés sur les ondes à des heures de grande écoute...

La télévision peut induire des comportements agressifs chez les adolescents, entraîner toutes sortes de comportements délétères. Il existe plus de mille études qui démontrent sans équivoque cette influence hautement pernicieuse.

On se demande bien d'ailleurs par quel miracle, serait-il possible que tout cela n'aie aucune influence sur l'évolution de la société, comme certains s'aventurent à l'affirmer, alors même que beaucoup d'individus passent le plus clair de leur temps libre scotchés devant leur poste, entre 20 à 30 heures chaque semaine !

La télévision poubelle, des contenus toujours plus indigents

Les élites ont inventé la télévision, non pas dans le but altruiste de nous instruire, de nous éduquer, de nous élever, mais dans celui de nous tenir occupé, de nous distraire, de nous abrutir, tout en nous détournant des vraies informations et en faisant baisser notre niveau de conscience, notre capacité à réfléchir par nous-même...

C’est le fameux et incontournable "Panem et Circenses", du pain et des jeux, qui est appliqué avec grand cynisme par nos élites sur la populace, pour se maintenir au pouvoir. Tout compte fait, rien a changé finalement depuis le temps des romains et seuls les moyens de contrôle se sont diversifiés, modernisés, perfectionnés et affinés...

Il va s'en dire que les élites et les classes dirigeantes passent quant à elles, très peu de temps devant le poste de télévision, contrairement au petit peuple qui s'en abreuve quotidiennement, souvent par facilité et pour se vider la tête après une harassante journée de stress au travail…

Pour assurer un maximum d'audimat et satisfaire les exigences des régies publicitaires, les chaines n'hésitent pas à proposer des contenus de plus en plus pervers, extrêmes et choquants, en jouant sur les émotions fortes, en titillant nos plus vils penchants et en excitant le voyeurisme des spectateurs.

Les émissions mettent alors en avant les comportements les plus déviants, bizarres et tordus. La TV nivelle ainsi tout vers le bas et normalise progressivement, ce qui devrait rester à la marge, dans toute société digne de ce nom.

Il est frappant de constater combien, à mesure que le temps passe, les programmes deviennent toujours plus médiocres, débilitants et vulgaires. Tout est fait pour rassasier et satisfaire nos plus primaires instincts : le temps d’antenne est monopolisé par d'indigentes émissions de télé-réalité, des émissions de variété, de divertissements, de ventes aux enchères, de rénovation et de vente d'appartements, de télé-crochets musicaux, de jeux.

Et ne parlons pas des innombrables et incessantes retransmissions sportives en toutes sortes. On passe des épreuves de tennis de Roland-Garros, à la Coupe du Monde de Football, au Tour de France, ou encore la formule 1, etc. C'est presque toute la grille des programmes de l'année qui est monopolisée par cette succession d'événements.

D'ailleurs, il est juste proprement hallucinant et fascinant de constater à quel point, pendant toute la durée de la Coupe du Monde de Football, c'est presque comme si toute la vie stoppait son cours et que la planète s'arrêtait tout simplement de tourner !

À quelques exceptions près, il reste vraiment très peu de choses à sauver des contenus diffusés par les chaînes : on passe des "Anges de la télé réalité", des "Ch'tis à Miami" à "Plus Belle la Vie" en passant par "La Nouvelle Star" ou "Qui veut épouser mon fils" ou "Un Incroyable Talent", ou encore "Touche pas à mon poste" de Hanouna. Le reste se résumant à une invasion de séries américaines chronophages des plus médiocres et proprement débilitantes...

La télévision est devenue une vraie TV Poubelle, une machine à produire du spectacle, à brasser du vent et à tourner à vide. Une vaste et tapageuse fête foraine, un indigent théâtre de guignols. 

On peut vraiment parler, pour le coup, de très petite lucarne : les émissions semblant inversement qualitatives à la grandeur, à la qualité de diffusion et de retransmission des derniers postes de TV très haute définition. L'affligente pauvreté des programmes semble être aussi inversement proportionnelle aux nombres de bouquets de chaînes, qui ne cessent de se multiplier, créant l'illusion parfaite d'une fausse diversité, alors même que la télévision est le temple de la pensée unique !

Les quelques émissions qualitatives, un temps soit peu culturelles ou de débats de société, avec un semblant de fond et de réflexion sont diffusées à des heures indues et rarement en Prime Time. 

Même les émissions historiques à prétention culturelles, n'abordent jamais l'histoire et les grand événements que par le petit bout de la lorgnette, par le prisme le plus superficiel, c'est-à-dire, celui des alcôves, des aventures sentimentales, des histoires de cœur et des coucheries, comme s'il s'agissait du dernier sitcom à la mode ou d'un épisode des feux de l'amour…


Un outil essentiel pour maintenir le contrôle et le pouvoir

Si la télévision donne le sentiment qu'elle informe bien ses spectateurs, grâce à une certaine diversité de façade dans les sujets abordés et traités... en réalité, elle oriente systématiquement le traitement des informations et sélectionne toujours bien soigneusement les sujets à traiter et ceux à éviter : les informations les plus essentielles, les questions d'ordre stratégiques sont toujours soigneusement écartées.

Toutes les connaissances d'importance, qui permettent au pouvoir de se maintenir en place, sont jalousement gardées, comme le fonctionnement des sciences économiques, les rouages de la société, le fonctionnement de la psychologie humaine, les outils de manipulation des masses, la neurobiologie, la cybernétique…

Pendant que d'autres sujets, parfaitement anecdotiques et insignifiants monopolisent les cerveaux et occupent tout le temps d'antenne. En fait, la télévision traite presque tout sous l'angle de la frivolité, du divertissement, pour faire habilement diversion... Il est manifeste que tout est mis en œuvre par la télé pour maintenir le public dans l'ignorance et la bêtise la plus crasse.


On ne nous parle jamais, par exemple du véritable fonctionnement de la société, des rapports de force et de pouvoir, de la création monétaire, de l'influence de certains réseaux de pouvoir…

Comme se plaisait à le préciser, avec un parfait cynisme, Henry Ford : « Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin. »

Des effets délétères insoupçonnables

La télévision a aussi sérieusement porté atteinte à notre capacité de concentration, car comme elle se doit de rester en constant mouvement pour pouvoir continuer à capter inlassablement notre attention, elle sollicite, stimule et monopolise notre réponse d'orientation. Notre cerveau est alors en état d'alerte permanent, à l'affût des moindres changements qui peuvent se produirent dans l'environnement immédiat, sans doute par mécanisme de survie, un vieux réflexe primitif ancré profondément en nous, pour pouvoir anticiper et prévenir toute menace extérieure. Le cerveau étant sollicité et stimulé en continu, il fonctionne à basse intensité pour éviter une surcharge. Il devient alors moins vigilant pour traiter toutes les autres informations, l'esprit critique est alors mis en veilleuse, il devient perméable aux messages et à toutes les formes de propagandes véhiculés à travers le poste. La distanciation est rendue presque impossible.

Pour maintenir cette zone de l'attention du cerveau active, la télévision a par conséquent recourt à des montages, des mouvements de caméra, des plans rapides, des bruitages, toutes sortes de stimuli. Elle traite aussi de sujets courts, simplifiés à l'extrême et régulièrement entrecoupés d'intempestives publicités . Sans toute cette énergie cinétique déployée et incessante, nous passerions bien vite notre chemin, gagnés par un irrémédiable sentiment d'ennui.

Les débats sont alors simplifiés, on multiplie le nombre d'interlocuteurs, ce qui donne souvent lieu à une totale cacophonie, personne n'ayant le temps de véritablement développer ses idées, et sa pensée dans des formats aussi courts. La télévision en s'adressant au plus grand nombre, nivelle constamment tout par le bas et appauvrit le langage. 

Les chaînes de télévision évitent de surcharger le cerveau pour garder l'attention du spectateur captive et le rendre disponible pour la publicité et la consommation comme l'avait avoué avec grand cynisme, mais honnêteté Patrick Le Lay, ancien président directeur général de TF1 : « Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola par exemple, à vendre son produit. Or, pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. »

Un média hautement toxique pour les enfants

En outre, la TV se révèle aussi désastreuse pour le développement du cerveau des enfants et leurs capacités de mémorisation. S'ils se trouvent dans la même pièce qu'un poste en train de tourner, elle coupe les enfants sans cesse de leurs activités jeu, elle parasite leur attention de par ses bruits intempestifs, ces incessants stimuli. 

Elle empêche aussi les enfants de s'ennuyer, hors l'ennui, le vagabondage de l'esprit est fondamental dans le développement et la structuration du cerveau ! Tous ces écrans nous empêchent de partir en exploration, à la découverte du monde sensible. Ils entravent fortement l'imagination des enfants et leurs stupéfiantes capacités créatives. 

Par ailleurs, les écrans nous coupent de notre relation aux autres et à la nature, qui est pourtant notre environnement de base. Ils nous dépossèdent de notre vie sensible et intérieure. Ils favorisent l'apparition de troubles de nature autistiques et on assiste d'ailleurs depuis quelques années, à une véritable explosion des cas d'autisme ! 

Ainsi, aussi stupéfiant que cela puisse paraître, de très nombreux enfants, ou même des adultes ne sont même jamais allés en balade, en dehors de leurs quatre murs, pour partir en exploration au cœur de la nature. Cette dernière est alors souvent regardée avec des idées faussées, comme un environnement exotique, menaçant, voir même, carrément hostile ! Une vision influencée par l'image renvoyée par des émissions telles que "Koh Lanta", qui décrivent la nature comme un milieu sauvage, périlleux et cruel, où il faut en permanence se battre dans l'adversité pour assurer sa survie...

Dans le graphique suivant, tiré de l'incontournable livre "TV lobotomie" de Michel Desmurget, on peut voir des dessins réalisés par deux groupes d'enfants de même âge. Les premiers, au-dessus ne sont pas beaucoup exposés à la TV et les seconds, en-dessous, sont trois fois plus exposés. Le résultat est spectaculaire et tout à fait édifiant, les dessins des enfants qui ne sont pas beaucoup exposés à la TV sont beaucoup plus complexes, détaillés et respectent mieux les proportions.

En outre, lorsque les enfants regardent la télévision plusieurs heures par jour, ils ne sollicitent que certaines zones du cerveau, celle de la partie droite consacrée au traitement des informations visuelles. En revanche, la partie gauche du cerveau, celle relative au langage, aux exercices de lecture  et donc aux facultés de raisonnement s'en trouve dramatiquement sous-exploitée ! Le cerveau étant à cette âge très malléable, on imagine sans peine les dégâts irréversibles engendrés par un tel comportement.

On pourra d'ailleurs observer un effondrement très préoccupant du niveau scolaire chez les dernières générations d'enfants qui ont étés biberonnés par la télévision. Leurs performances, leurs capacités d'attention, d'écoute, de raisonnement, de créativité s'en trouvent considérablement amoindries. Ils manquent aussi de discipline, de rigueur et de persévérance.

La télé possède indéniablement une très grande part de responsabilité dans ce naufrage d'une gravité et d'une ampleur insoupçonnée. La télévision est en fait une véritable arme de destruction massive pour les apprentissages.

La télévision spectacle

Dans l'univers de la petite lucarne, tout est traité sous un angle purement émotionnel, ce qui court-circuite toute réflexion profonde, car l'émotionnel est régi par l'irrationnel et qui dit réflexion,  dit capacité d'exercer son sens critique. Dans cette société du spectacle permanent, tout est présenté et traité de la plus grossière manière. 

On hystérise et infantilise en permanence les débats, on mêle les sujets les plus sérieux aux plus frivoles, politique et divertissement, faits graves de société et faits divers insignifiant, dans un mélange des genres parfaitement insupportable, comme s'en font la spécialité les émissions de variété et de talk-show. On ne hiérarchise plus aucune information. Ainsi, un Tsunami dévastateur ruinant des milliers de vies peut occuper moins de temps d'antenne que la dernière montée des marches du festival de Cannes ou le divorce d'un People... Il y a là une véritable forme d'obscénité !

Dans les médias, la vérité est souvent présentée par bribes, mais étouffée ou exposée de manière caricaturale. Elle doit souvent faire face à une armée de contradicteurs qui, souvent de connivence, s'emploient à court-circuiter et parasiter toute réflexion et tout développement profond de la pensée. Les experts des plateaux sont soigneusement présélectionnés, alors qu'ils sont souvent en conflit d'intérêt, tandis que d'autres sont tout simplement interdits de passage.

On pourra penser à notre seul prix Nobel d'économie, Maurice Allais, qui avait fait une lettre ouverte pour dénoncer sa censure délibérée par les médias, alors même qu'il avait remué ciel et terre pour essayer de faire passer son message et ses mises en gardes économiques, prévenant de la catastrophe en devenir avec le passage à la monnaie unique...

Sur les plateaux, c'est bien souvent la mauvaise foi qui domine, avec des procédés sournois de manipulation que n'auraient pas renié Arthur Schopenhauer dans son livre "L'art d'avoir toujours raison".

Avec ces stratégies d'enfumage, on feigne l'indignation à la moindre contradiction, on joue sur l'incrédulité, on fait appel à l'émotion, on attaque le messager avec des amalgames et des attaques ad hominem ou des insinuations, des termes infamants, on coupe la parole de manière intempestive, on use d'arguments d'autorité du poids de pseudo-experts, on minore la force et la pertinence des arguments avancés, on évite soigneusement tout ce qui pourrait aller dans le sens de la thèse adverse, on cherche à faire perdre le sang-froid, à déstabiliser l'adversaire pour le faire passer pour quelqu'un de déséquilibré…. On s'appuie sur les réactions du public qui sont artificiellement provoquées et manipulées par un chauffeur de salle. 

Il faut aussi savoir que beaucoup d'émissions ne sont pas diffusées en direct, mais sont remontées avec de subtiles coupes qui peuvent  totalement changer la donne et la teneur d'un débat.

Comble du cynisme, même si nous ne sommes pas du tout d'accord avec la ligne éditoriale des chaînes de TV, la mainmise absolue de grands groupes privés sur l'information, la médiocrité affligeante des contenus, la grossière et constante propagande médiatique, nous sommes contraints et forcés de la financer avec nos propres deniers, via la redevance TV qui est obligatoire !

Nous entretenons ainsi toutes ces chaînes, qui sont de véritables chaînes mentales, qui nous empêchent de nous élever, de nous émanciper réellement, d'ouvrir le champ des possibles et d'entrevoir un autre monde, un autre modèle de société, plus humaine, juste, authentique et libre.

Un pouvoir hypnotique, presque surnaturel

Il faut savoir que l'écran de télévision à un pouvoir d'influence colossal, qui est même de nature physique : il permet de pénétrer profondément et durablement les inconscients et les esprits, car il place le cerveau sous un mode de fonctionnement de rêve éveillé, quasi-hypnotique, il génère alors des endorphines et ondes alpha, exactement les mêmes ondes qui émanent du cerveau lorsqu'il est dans un état de sommeil profond et qu'il rêve ! L'activité cérébrale est alors réduite à son minimum…

La télévision est relaxante, beaucoup de personnes l'utilisent d'ailleurs pour s'endormir telle une douce berceuse…

On comprend mieux le pouvoir quasi-hypnotique de cet objet, notamment sur les enfants, où son pouvoir d'attraction est tout simplement spectaculaire et sidérant. En effet, ces derniers parviennent difficilement à détourner le regard de l'écran et sont comme aspirés, les yeux grands écarquillés, par ce qui s'y passe alors que le reste du temps, ils débordent d'activité et d'énergie et ne tiennent pas en place…

L'écran de télévision ne permet pas une bonne distanciation critique vis-à-vis des images qu'il diffuse, et cela, quelle que soit la qualité intrinsèque du contenu projeté. L'écran est perçu par le spectateur comme une extension de son propre cerveau, l'objectivité devient alors très difficile et c'est la subjectivité et l'émotion qui prennent toujours le dessus sur l'analyse !

En effet, les images sont projetées vers le spectateur, dans sa direction, contrairement à l'écran de cinéma ou l'image est projetée en direction de l'écran de projection. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le ressenti face à un même film, strictement au même contenu, n'est pas du tout le même en fonction du média et du mode de diffusion des images… Ce fait a été mis en lumière par Eric McLuhan, fils du philosophe Marshall McLuhan, lors d'une expérience scientifique que l'on peut retrouver dans l'excellent documentaire "le Tube".

De plus, bien des spectateurs ont la fâcheuse tendance de considérer les présentateurs de ces émissions, qu'ils  suivent assidûment et avec fidélité, comme étant des proches, voir même des membres à part entière de leur propre famille. Rien ne saurait pourtant être plus éloigné de la réalité, étant donné les salaires mirobolants que gagnent ces animateurs public et qui les font vivre dans un tout autre monde que le spectateur lambda... Ils peuvent alors bénéficier d'un sentiment de confiance absolue pour déverser leurs propagandes.

Le fascinant pouvoir de la télévision, la dévoreuse d'âme

Fait des plus remarquable et particulièrement troublant, il est très intéressant de savoir que William Crookes, physicien de haut rang et inventeur de la pièce centrale de la télévision, à savoir, le tube cathodique, était aussi un pur occultiste, très versé dans l'ésotérisme et la communication avec les morts. Il était membre de la société secrète "Golden Dawn", tout comme le fameux mage Aleister Crowley. C'était un grand amateur de spiritisme et il était persuadé que les esprits de l'éther étaient capables d’animer les particules, telles que les électrons et les protons. C’est son intérêt pour le spiritisme qui l’a amené à inventer le tube cathodique à rayons, l'ancêtre des écrans à plasma et LCD actuels... 

Ironie de l’histoire, la télévision dont l’invention fut inspirée en partie par des recherches sur le monde des esprits allait finir par plonger le monde entier dans un état de quasi-léthargie, une hypnose collective ! 

Anton Lavey, le fondateur de l'Église de Satan et de la Bible satanique, écrit dans son livre "The Devils Notebooks" à propos de la petite lucarne : « La naissance de la télévision est un événement magique ayant une signification satanique (...) Ce qui a démarré modestement dans les familles par de petits boîtiers, s'est transformé petit à petit, par de grandes paraboles et antennes qui dominent l'horizon et qui remplacent les croix au sommet des églises (Le terme de "parabole" est dans ce contexte des plus intéressant, puisque les nouvelles paraboles nous livrent un message bien différent de ce que transmettaient les anciennes dans les livres sacrés). La télévision, ou l'hôtel satanique s'est rapidement développé depuis les années 50 à partir d'un petit écran flou jusqu'à un énorme matériel qui recouvre des murs entiers. Ce qui a commencé comme un divertissement innocent dans la vie quotidienne des familles a fini par remplacer la vraie vie pour des millions de gens, c'est devenue une religion majeure pour les masses. »

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